L'instant présent

L'INSTANT PRESENT

Se connecter à l’instant présent. Bien…mais l’instant présent a-t-il quelque chose à nous dire ? Existe-t-il réellement ?

Ne vous êtes-vous pas déjà fait cette réflexion concernant ces grands événements que vous attendiez impatiemment : bien que fortement espérés, attendus, une fois passés ils vous laissent une petite tristesse, un sentiment étrange, qui vous font ressentir plus le temps qui file que le plaisir qui s’installe.

Ces grands moments (Nous ne parlons pas ici des grands changements) bien que formidables à vivre ne constitueraient pas l’épine dorsale de notre vie.
Ce seraient bien plus les myriades de petits moments habillés de plaisir qui constitueraient notre bonheur.

Que nous dit cet instant présent ? Qu’aurait-il à voir avec ces petites joies qui semblent anodines ?

Et bien tout simplement il nous dit : pour l’instant il s’agit de vivre !
De vivre les petits plaisirs, les petites joies, les bonnes sensations que l’on peut accumuler, additionner chaque jour comme une suite d’instantanés qui nous figent dans le bien-être à un moment précis.

Mais comment faire de cette volonté une garantie de le vivre ?

Albert Camus note que les deux seules choses qui nous sont données sont le corps et le présent et que les refuser serait refuser de vivre.

Vivre l’instant présent, ce serait donc être présent à soi, être présent au réel. Se formuler les choses ainsi c’est risquer de complexifier à nouveau l’instant.
Il s’agit moins de prendre « du recul » ou « de la hauteur » par rapport au flux continuel des pensées mais bien plus de prendre « contact » de « toucher » « l’en dehors » et de lâcher prise avec « l’en-dedans ».
De donner une volonté et une attention entièrement tournées vers l’extérieur sans autre objectif que de capter, sentir, apprécier.

Quelle gymnastique particulière, quels automatismes, quelles pratiques mettre en place pour se donner la possibilité de jouir de ces instants de présence ?

  • Créer des plages de (pleine) conscience en faisant intentionnellement attention aux détails sensoriels.
    • Par exemple : caresser le velouté d’une feuille les yeux fermés puis la porter au nez.
  • Créer une relation parfaite et sereine entre son environnement et son monde intérieur : apaiser ce canal en ne lui soumettant aucune injonction.
    • Par exemple : s’asseoir dans le silence d’un jardin et caler sa respiration avec le rythme du feuillage.
  • Être là, en prise directe, en observation candide, en satisfaction décomplexée. Première démarche pour suspendre le temps.
    •  Par exemple : sourire à la caresse du pouce sur la paume et l’intérieur des doigts.
  • Être dans la saveur de la vie sans autre ambition.
    • Par exemple : se donner, seul(e), une satisfaction sensorielle, sans rien attendre des autres.
  • Ne pas prendre conscience de ce qui passe mais de ce qui se passe.
    • Par exemple : s’allonger en se disant que le temps n’existe plus et que seule subsiste la lumière qui transperce les volets.
  • Percevoir cette succession de ressentis comme une mélodie et se laisser entraîner.
    • Par exemple : accoudé, coller sa tête à l’enceinte et se laisser envahir par la musique.

Comment s’approprier cette notion d’instant présent, a priori plutôt spirituelle, et l’appliquer à la vie quotidienne ?

La question est moins de savoir comment être présent, en effet par défaut nous sommes forcément « présent à quelque chose », nous sommes quelque part, nous Sommes.
La question est bien plus de savoir de quelle façon être conscient de notre « instant présence ». Sachant que nous souhaitons que ces instants nous soient agréables.
La réponse est : être simplement dans la douceur et la singularité de l’instant.

Pour cela il ne faut pas hésiter à se créer des plages de (pleine) conscience en faisant intentionnellement attention aux détails sensoriels propre à la situation.

Mes exemples de « prise de douce conscience » de ces moments de plaisir qui donne de la saveur à l’instant :

  • Marcher pieds nus sur une herbe fraichement coupée en sentir et l’odeur et les brins caressant la voûte plantaire.
  • Ouvrir sa bouteille de sirop préféré, la sentir les yeux fermés en se massant doucement les tempes.
  • Rire de bêtises exagérément déclamées avec son enfant.
  • Danser nu(e) sur sa musique préférée.
  • Dévisager les passants en terrasse et imaginer leur métier.
  • Se masser doucement le buste avec une huile végétale parfumée à sa convenance.

Une bonne méthode : afficher une image chez vous ou au boulot pour se rappeler que vous pouvez, à chaque instant, faire preuve d’une « douce conscience ». Un stimulus visuel pour savoir prendre des pauses, ouvrir des parenthèses créer des instants illustres.